Conseil municipal Sucy en Brie 14 octobre 2019

Madame le Maire,
Mes chers Collègues,

C’est avec gravité – et pourquoi le cacher – non sans une certaine émotion, que je prends la parole devant vous ce soir, à l’occasion de notre Conseil Municipal.

Dans cette enceinte de la démocratie locale, chacun doit être en mesure de pouvoir s’exprimer en toute liberté.

Certains l’ont fait avant moi ce soir ; ce qu’ils ont dit leur appartient et n’engage qu’eux.

Pour ma part, je souhaite pouvoir vous évoquer un certain nombre de points quant à la conduite des destinées de notre Ville.

Je veux déjà vous dire que je suis fier des actions que j’ai pu mettre en œuvre et mener à bien grâce au soutien de la majorité de ce conseil, et cela au cours des 11 dernières années. 

Je pense notamment aux projets sur lesquels je me suis personnellement engagé, avec, à titre d’exemples :

  • le pacte de Coopération avec la ville de Bongatsara à Madagascar, 
  • le lancement de la carte jeune, 
  • le renouvellement du dispositif la Boutique Loisir, 
  • la restructuration du service jeunesse avec la création du pôle prévention doté d’un éducateur spécialisé. 

Même si je suis convaincu qu’il faut encore aller plus loin, j’ai accompli cela en ayant Sucy au cœur. 

Cela m’a conduit, pendant ces presque 12 années, à vous suivre sans sourciller et sans que quiconque ne me prenne à défaut de ne pas être solidaire de la majorité.

Mais je me dois ce soir de vous dire ce que je pense vraiment. 

Nous sommes aujourd’hui à un tournant, à la fin d’un cycle. Un cycle qui a débuté avec votre prédécesseur, le regretté Jean-Marie Poirier, que vous avez accompagné puis prolongé depuis plus d’un demi-siècle – 55 années durant. 

Et parfois, lorsque les choses durent trop longtemps, elles ont tendance à s’installer dans une routine, à ne plus garder le cap ou pire, à ne plus être en phase avec les réalités du quotidien de ceux pour qui – je vous le rappelle mes chers collègues – nous nous sommes tous engagés. Et je pense naturellement aux Sucyciens et aux Sucyciennes.

Je ne peux cacher plus longtemps mon mal-être, mais, au-delà de ma simple personne, celui de certains de nos collègues mais surtout de beaucoup de nos concitoyens.

Je ne veux prendre que quelques points du bilan et des projets récemment menés :

Le projet de la Métairie. Un projet voté a posteriori en Conseil municipal alors même que les travaux étaient réalisés, sans aucune concertation ni avec les élus, ni avec les commerçants, ni avec la population. 

Le « Bourg ancien ». Certes, un projet n’est pas linéaire, mais nous pouvons légitimement nous interroger quand la réalisation ne correspond pas à ce qui nous avait été présenté, et à ce que nous avons voté au sein de cette enceinte. 

La Place de l’Église. Lorsque je vois la place de l’Eglise, je partage l’émotion palpable de la population de notre Ville : d’une place qui faisait partie intégrante de notre patrimoine, avec des arbres anciens, nous sommes parvenus à une place défigurée, d’une froideur redoutable. Et je préfère ne même pas évoquer plus en avant le manque d’harmonie des aménagements urbains sans aucune cohérence et différenciés à chaque coin de rue…

Les arbres de notre Ville. Je ne me suis pas engagé pour que l’on abatte les arbres de Sucy. Votre prédécesseur le savait bien, Madame le Maire, puisqu’il avait l’habitude de dire : « Si vous abattez un arbre à Sucy, vous êtes mort ! ». 

Il ne s’agit donc pas d’une lubie ! Tout comme je vous l’exprime, nos concitoyens sont particulièrement attachés à la préservation de notre cadre et de notre qualité de vie, à ce qui fait que nous sommes justement heureux et fiers de vivre à Sucy. Vous venez de nous le gâcher.

Et je pourrais vous citer encore maintes décisions de ce type qui – dans leur for intérieur – ne rassemblent pas les élus du Conseil et encore moins nos concitoyens, comme : 

  • votre décision de refuser aux Sucyciens un moment d’unité qui nous appartenait à tous, lors de la finale de la coupe du monde de football de 2018, sans motif sérieux si ce ne sont de sordides raisons politiciennes…
  • votre choix d’installer une statue d’art contemporain à 200 000 euros, devant le Château, exprimé par un sondage qui en laisse plus d’un perplexe ;

Faut-il rappeler qu’une bonne gouvernance municipale, c’est la relation du quotidien avec les élus de son Conseil. Mais c’est aussi – et je dirais même, avant tout – les relations avec ses administrés et ses concitoyens.

Que penser, alors, lorsque l’on voit la gestion d’un projet comme celui de la rue Molière. Nous devrions rechercher le consensus, et cela se traduit in fine par catastrophe. 

Dans la même veine, la mise en œuvre – sans étude d’impact – de la gestion des parkings payant et du stationnement en centre-ville est édifiante… 

Pensez-vous qu’il soit efficient de changer d’avis, toutes les heures, depuis un bureau, en imposant des transformations de cet ordre à la population ?

Depuis un certain temps désormais, il semble que le processus de concertation et d’adhésion des habitants ne fasse plus partie de votre modèle de gouvernance.

Pourtant, permettez-moi de vous le dire, mes chers collègues, mais qu’est-ce que la concertation sur des projets qui impactent le quotidien des Sucyciens, si ce n’est du bon sens ?

On ne peut plus, en 2020, décider seul du haut d’un savoir abstrait ou selon son propre desiderata personnel !

Madame le Maire, 

J’ai tenté de m’en ouvrir auprès de vous. Je me suis exprimé plusieurs fois, avec mes propres convictions. J’ai voulu vous rencontrer, échanger et dialoguer avec vous. 

Je vous ai tendu la main à plusieurs reprises et spécifiquement au cours des 4-5 derniers mois.

Je sais votre agenda particulièrement chargé et priorisé par vos activités régionales, mais pour autant, je ne pouvais croire qu’il vous soit possible d’oublier votre terre d’élection et de ne pas accorder du temps aux responsables politiques et aux élus de votre Conseil.

Or, JAMAIS vous n’avez pris la peine de me répondre pour entamer ces échanges qui sont essentiels dès lors qu’il s’agit de la vie de nos concitoyens !

Je ne me suis pas engagé, il y a 12 ans, pour cela. 

Je ne me reconnais plus dans votre gouvernance et dans un certain nombre de vos décisions politiques. Il ne s’agit ni d’un problème personnel, ni humain. 

Il s’agit bien d’un problème politique et du lien de confiance qui est désormais rompu.

Alors ce soir, je vous le dis comme je le ressens : pour toutes les raisons que je viens d’évoquer, ce n’est pas moi qui vous quitte, Madame le Maire. 

En réalité, pour des raisons que j’ignore, c’est vous qui avez abandonné le cœur même de notre engagement pour Sucy. 

C’est vous qui m’avez quitté. C’est vous qui nous avez quittés.

Et puisque, je vous parlais au début de mon propos de liberté, je reprends la mienne en vous rendant ma délégation et en quittant la majorité municipale.

Rassurez-vous, Madame le Maire, mes chers Collègues, il ne s’agit pas ici d’évoquer le « nouveau monde » ; en politique locale, je ne crois qu’au dialogue et au pragmatisme des décisions.

C’est simplement la fin d’un cycle qui vient de débuter. Et, pour ma part, je veux chaque jour avoir au cœur d’œuvrer pour tous les Sucyciens en mettant notre Ville en mouvement.

Je vous remercie.